Kevin Morby – Oh My God

Il aura fallu de quelques chefs-d’oeuvre possédant chacun leur propre personnalité comme Singing Saw en 2016 (chroniqué ici) et City Music l’année suivante (chroniqué ici) pour que Kevin Morby soit LE songwriter majeur de la scène indie rock américain de cette décennie. Je n’ai même plus besoin de le présenter vu que tout le monde le connaît, si ce n’est que le nouveau mec de Waxahatchee (oui, je suis obligé de balancer le gossip) a décidé de remercier le Très-Haut pour son succès. Et mon Dieu, qu’il réussit à se repentir sur son cinquième album.

N’appelez pas ça un disque gospel pour autant. Kevin Morby a toujours soulevé l’omniprésence du thème religieux sur ses disques précédents. Mais sur Oh My God, il explore ce thème de long en large après avoir rendu hommage à ses deux villes de prédilection sur ces prédécesseurs (New York et Los Angeles). Sans l’être pour autant, l’ex-bassiste de Woods (accompagné de son fidèle acolyte Sam Cohen derrière les commandes) chante les louanges sur ces quatorze morceaux somptueux et divins à l’image de « No Halo » aux allures de lounge-jazz, le minimaliste « No Things Sacred / All Things Wild » accompagné d’un synthé et d’une boîte à rythme sans oublier le poignant « Seven Devils ».

Ici, Kevin Morby évoque la nécessité de la spiritualité dans notre quotidien. Accompagné d’une chorale et des instrumentations peaufinées et élégants comme sur l’hypnotique « Piss River » où il pousse la réflexion sur la vie et la mort ou encore sur les touchants « Savannah » et « Ballad of Faye », il peut y arriver des résurgences plus immédiates avec le flamboyant « OMG Rock n Roll » rappelant T-Rex dans leur démarche ou les allures dylaniennes sur « Hail Mary » (qui n’est pas une reprise de 2Pac, rassurez-vous). Là où le musicien brille le plus, c’est avec ses textes résolument imagés qui ont de quoi interpeller directement l’auditeur sur « Sing A Glad Song » rappelant l’ambiance bucolique de Singing Saw ou sur le très pensif « I Want To Be Clean » pouvant figurer sur son second disque Still Life.

S’achevant sur un ultime chant de rédemption intitulé « O Behold », Kevin Morby nous rappelle l’importance de la religion et de la spiritualité dans la vie de tous les jours sur ce cinquième opus hypnotique et bigrement divin. Avec ces quatorze nouvelles pièces, il reprend avec brio les codes de la prière en poussant la réflexion sur les questions existentielles de la vie pour un résultat hors du commun.

Note: 9/10