St. Vincent – Daddy’s Home

On pourra dire ce que l’on veut mais il n’empêche que St. Vincent ne laissera personne indifférent. Elle fascine autant qu’elle dérange, elle innove autant qu’elle dénature (n’est-ce pas Sleater-Kinney ?). Cela n’empêche pas pour Annie Clark d’avoir une discographie impeccable jusqu’à son Masseduction en 2017 (chroniqué ici) qui n’a pas rencontré le même succès critique d’auparavant. Trois années et demi se sont écoulées et la voici de retour avec son nouvel album intitulé Daddy’s Home.

Cette fois-ci, St. Vincent abandonne son côté arty, robotique et expérimental qui a fait sa réputation pour aller nous ramener dans les années 1970. Daddy’s Home ira convoquer les sonorités funk et soul où Stax Records et Motown Records régnaient dans le foyer de la musicienne qui voyait son père écoper une peine de prison de 12 ans suite à une malversation de plusieurs millions de dollars. S’en suit donc une introspection profonde sur ces quatorze titres (dont trois interludes) qui débutent avec un « Pay Your Way In Pain » rappelant le charme du regretté Bowie mais également le funk aussi bien cosmique que lancinant « Down And Out Downtown » et « Live In The Dream » puisant son inspiration auprès de Pink Floyd.

Avec la production de Jack Antonoff qui est étonnamment lisse cette fois-ci, St. Vincent réussit à partager un fragment de son enfance qui est marquée par l’abandon, la maternité et la liberté inconditionnelle notamment sur des titres rétro à l’image de l’aérien « The Melting Of The Sun » ou bien encore de « Down » et de  la ritournelle folk de « Somebody Like Me ». Daddy’s Home nous plonge donc quatre décennies en arrière mais aucune actualisation n’est à l’heure notamment sur « My Baby Wants A Baby » et « …At The Holiday Party » qui restent surranés malgré leur charme. Si elle a mis son costume de musicienne fancy au placard pour chercher des sonorités rétro, on aurait aimé qu’elle ajoute sa plus-value d’antan pour que ce disque puisse être mémorable et plus touchant.

Note: 7.5/10