Mdou Moctar – Afrique Victime

Mdou Moctar a franchi un nouveau statut avec la parution de son album Ilana: The Creator (chroniqué ici). Le musicien nigérian est devenu un autre sérieux concurrent de la scène blues touareg avec une originalité hors normes et son engagement qui n’a pas de prix. On parie qu’il va s’élever un peu plus avec son successeur nommé Afrique Victime ?

Composé de neuf titres, Mdou Moctar prouve qu’il reste un musicien virtuose à part entière, maintenant qu’il fait parti du roster légendaire de Matador Records. On repart à l’aventure en sa compagnie (ainsi qu’avec le bassiste Mikey Coltun, le batteur Souleymane Ibrahim et le guitariste rythmique Ahmoudou Madassane) avec des tueries blues touareg enflammées que sont le psychédélique « Chismiten » qui ouvre le bal mais également « Taliat » où le guitariste gaucher nous impressionne comme son doigté tout en faisant de l’ombre à son concurrent légendaire Bombino tout comme les villageois qui l’acclament en fin fond de la salle.

Il en résulte un Afrique Victime des plus inouïs entre tendresse acoustique avec « Tala Tannam » et « Layla » et transe électrique et frénétique avec « Asdikte Akal » où Mdou Moctar plaide pour l’émancipation de l’Afrique subsaharienne des colonialistes qui occupent les terres pendant bien longtemps. Mais la véritable pièce de résistance est le morceau-titre où il se lance dans la langue de Molière synthétisant ses propos revendicateurs tandis que le morceau fuse à 100 à l’heure au fur et à mesure tandis que son jeu de guitare impressionne de bout en bout avant une explosion finale savoureuse.

Après une conclusion des plus calmes et des plus éthérées qui s’intitule « Bismilahi Atagah », Mdou Moctar tire son épingle du jeu avec son nouveau disque qui est parti pour être un des albums les plus marquants de cette année. En raison de la technicité de son jeu de guitare et des compositions vibrantes, le musicien nigérian impressionne une fois de plus avec un disque convoquant la puissance du blues touareg aux influences occidentales allant de Steve Gunn à Thee Oh Sees. Un très très grand album.

Note: 9/10