Il aura suffi de deux sublimes disques – Living Water en 2017 (chroniqué ici) et August en 2019 (chroniqué ici)- pour que Shannon Lay puisse voler de ses propres ailes. Celle qui fut plébiscitée par des plus grands comme Ty Segall, Mikal Cronin ou encore Kevin Morby est devenue une musicienne à part entière. Maintenant qu’elle a dit adieu à son groupe d’origine Feels, elle est prête à atteindre de nouveaux sommets avec Geist (nb: miroir ou esprit en allemand).
Une chose est sûre, c’est que la pandémie et les conséquences (aussi néfastes soient-elles) nous ont beaucoup appris sur soi et qu’il est temps de faire un travail d’introspection afin de prendre un nouveau départ. C’est un peu la nouvelle philosophie de Shannon Lay qui nous envoûte une fois de plus avec le titre d’ouverture nommé « Rare To Wake », céleste et aérien, où son jeu de fingerpicking acoustique, quelques notes de piano électrique et sa voix angélique nous apaise comme personne (« Without change, something sleeps inside us, rare to wake, rare to wake/Have you always been who you are ? », chante-t-elle).
On profitera pour dire un bonjour au talentueux Jarvis Tarveniere que je ne présente plus et qui impose sa patte sur le sublime « A Thread To Find » mais également sur les méditatifs et touchants « Sure », « Shores » qui surprendra par son solo de guitare électrique signé Ty Segall (et oui encore lui !) et « Untitled ». Geist contient tous les espoirs et désillusions de Shannon Lay qui jette un regard détaché sur son parcours et ses origines irlandaises qui sont parfaitement exprimées sur l’incroyable « Awaken and Allow » presque a capella avant d’être accompagné par des synthétiseurs ésotériques. La voix si pure et cristalline de la californienne est un parfait atout pour inciter son auditoire à emprunter un chemin plus spirituel avec le morceau-titre où elle panse ses blessures tout comme sur « Time’s Arrow » filant le parfait amour ainsi que la splendide reprise de « Late Night » de Syd Barrett.
Après une conclusion instrumentale nommée « July » où le jeu de fingerpicking acoustique et les cordes frémissantes donnent le la, Shannon Lay avoisine de plus en plus des contrées mystiques et solennels. Avec ce Geist, l’ex-guitariste de Feels exorcise ses démons intérieures afin de vivre en paix et de gagner en confiance et en maturité. Un quatrième album introspectif et intense guidé par son miroir nous incitant à viser plus haut et la sérénité.
Note: 9/10