Depuis deux décennies maintenant, Okkervil River règne en maître sur la scène indie folk américaine. Le groupe de Texas n’a pas donné signe de vie depuis leur dernier album nommé In The Rainbow Rain paru en 2018 (chroniqué ici) qui fut tout de même un sublime coup d’éclat. Cette année, Will Sheff, leader du groupe, a décidé de se lancer en solo voyant la formation en pause avec un tout premier disque nommé Nothing Special.
Alors qu’Okkervil River est face à un avenir incertain, Will Sheff continue son bonhomme de chemin. L’auteur-compositeur-interprète américain revient aux sources folk-rock après une parenthèse électronique que fut Lovestreams et décide de s’ouvrir à nous sur ces huit splendides compositions savamment orchestrées. On plonge et on savoure ces arrangements de haute volée à la limite du baroque notamment sur l’introduction nommée « The Spiral Season » aux accords de piano ouatés (sans oublier la participation discrète d’Eric D. Johnson de Fruit Bats) mais également sur « In The Thick Of It » comptant la divine voix de Cassandra Jenkins et sur « Estrangement Zone ».
Et il est facile de déceler l’état du personnage qui rend hommage à son grand ami que fut Travis Nielsen, ex-batteur d’Okkervil River, disparu au printemps dernier, sur le morceau-titre. Il est secondé par de magnifiques ballades comme « Holy Man » et « Like The Last Man » où Will Sheff (qui est entouré de la crème de la crème, à savoir Christian Lee Hutson au piano et à la guitare acoustique ou encore Zac Rae de Death Cab For Cutie et John Congleton aux manettes) se met à nu et se détache progressivement de l’attitude rock’n’roll d’auparavant en goûtant à la sagesse et à l’introspection. Il en ressort un Nothing Special qui se clôture avec un « Evidence » des plus magiques où son statut sur la sphère américaine lui donne ironiquement quelque chose de spécial.
Note: 8.5/10