Caroline Polachek – Desire, I Want To Turn Into You

Depuis trois ans maintenant, je suis un peu bougon à chaque 14 février. En général autour de la période du 14 février, je deviens un espèce de Grinch. Cette année était un peu exceptionnel car je suis parti au taff un peu aigri, suis coincé dans le métro complètement bondé pendant deux heures (et merci Pécresse pour les travaux, ça vaut le coup de payer 84 € chaque mois !) et suis rentré avec l’idée de passer la soirée devant ma Switch en jouant à Super Smash Bros histoire de me défouler. Puis ça a switché dans ma tête: je me suis dit pourquoi ne pas écouter le nouvel album de Caroline Polachek qui est sorti ce jour-là, tiens ? Au final après plusieurs écoutes attentives, voici ce que j’ai pensé de ce Desire, I Want To Turn Into You.

Suite à la séparation de Chairlift quelques années plus tôt, Caroline Polachek a réussi à voler de ses propres ailes. En 2019, elle a marqué son territoire avec son album solo nommé Pang (chroniqué ici) qui lui a valu une consécration mondiale. Considérée comme étant une des fers de lance du courant « hyperpop » avec également la clique PC Music et la regrettée SOPHIE, elle prend du recul avant de revenir en pleine forme avec ce nouvel album axé sur l’amour et le désir (bon, ça va !). Pour cette nouvelle aventure musicale, elle décide d’enrôler Danny L Harle à la production et forcément, sa patte se fait ressentir à merveille.

A travers ces douze titres, Caroline Polachek arrive à concilier vulnérabilité et sensualité de la façon la plus naturelle. Desire, I Want To Turn Into You qui est moins métallique et plus organique au niveau du son réussit à mettre du baume au cœur dès le départ avec « Welcome To My Island » des plus lumineuses. De quoi débuter de la plus belle des manières avant que la paire Polachek/Harle prenne de l’ampleur sur des pièces résolument pop telles que le groove futuriste et presque estival de « Bunny Is A Rider » ainsi que « Crude Drawing Of An Angel » et les influences UK Garage de « I Believe » où l’interprétation éthérée de notre hôtesse continue de nous enivrer comme jamais. Les sonorités venues d’ailleurs sont plus que les bienvenues, à commencer par les sonorités latines de « Sunset » en compagnie de Sega Bodega où l’on aurait plus vu ROSALIA poser dessus ou encore jungle sur « Fly To You » où elle convie la compliquée Grimes et la revenante Dido pour une collaboration au sommet.

Avec Desire, I Want To Turn Into You, Caroline Polachek est au sommet de sa créativité. Elle réussit à prendre à contre-courant son auditoire en s’éloignant des influences hyperpop où on l’a trop cloisonné notamment sur « Blood and Butter » mais aussi sur « Butterfly Net » flirtant avec la folk et sur la conclusion aux allures de trip-hop vertigineuse et presque médiévale sur « Billions ». L’ex-Chairlift continue de prendre de la hauteur afin de devenir un acte important de la pop actuelle. Même si j’aime beaucoup le travail de Danny L Harle sur ce disque absolument titanesque, je ne pouvais pas m’empêcher de penser au fait qu’une production posthume de SOPHIE aurait fait l’affaire afin de donner un peu plus de pêche. Quoi qu’il en soit, ce nouvel album est une très belle réussite qui vaut vraiment ces trois années et demi d’absence.

Ah ! Et suite à cela, je me suis remis à jouer à Super Smash Bros sur ma Switch jusqu’à pas d’heure. Voilà comment j’ai passé cette Saint-Valentin.

Note: 10/10