Algiers – Shook

La dernière fois que nous avions eu des nouvelles d’Algiers, cela remonte à l’année 2020 avec leur troisième disque intitulé There Is No Year (chroniqué ici). Le groupe d’Atlanta avait atteint le sommet de sa créativité avec cette fusion musicale bouillante et oppressante leur ayant permis de la norme. Trois années plus tard, ils retentent l’expérience avec leur successeur intitulé Shook.

Voici dix-sept titres bien audacieux montrant qu’Algiers plus fascinant et ensorcelant que jamais. Brouillant les pistes entre post-punk, gospel, hip-hop, musique expérimentale et jazz, Shook est une expérience musicale hors du commun débutant avec le funk industriel de « Everybody Shatter » accompagné d’un spoken-word de Big Rube des plus viscéraux ainsi qu’avec « 73 » ou encore le punk salvateur de « A Good Man » et « Green Iris » au début éthéré et organique avant de prendre des relents plus menaçants et électroniques au fur et à mesure.

Abordant les thématiques politiques et sociétaux aux États-Unis, ce cocktail molotov musical réussit à faire ressortir toutes les sonorités pour nous faire frémir. C’est également sans compter sur les interventions plus que remarquées, comme Zach de la Rocha que je ne présente plus et qui se lâche sur « Irreversible Damage » mais également les rappeurs Billy Woods (Armand Hammer) et Backxwash sur le bouillant « Bite Back ». Bien entendu, Algiers a aussi élargi son spectre en conviant Samuel T. Herring (Future Islands) et Jae Matthews (Boy Harsher) sur « I Can’t Stand It! » allant de la soul moderne à des effusions expérimentales noisy ou bien encore Nadah El Shazly sur « Cold World » dépaysant.

À travers cette mosaïque d’influences résident quelques moments intéressants comme les sonorités lo-fi dignes de Madlib sur « Cleanse Your Guilt Here » ou le gentiment dérangé « Something Wrong ». Entre l’euphorie et le désespoir, Shook est sans conteste l’œuvre la plus riche et la plus complète d’Algiers malgré sa longueur mais qui permettra de mesurer l’impact de la musique de la bande de Franklin James Fisher.

Note: 8/10