On se souviendra longtemps de l’impact de L’Rain sur la scène avec l’arrivée de son album nommé Fatigue (chroniqué ici). La musicienne expérimentale venue de Brooklyn a réussi à concilier field recordings et différentes influences allant du jazz expérimental au R&B alternatif en passant par la neo-soul cotonneuse et l’indie pop psychédélique afin de nous offrir un voyage hors du commun continuant de prendre de l’ampleur avec son successeur intitulé I Killed Your Dog.
Considéré comme un album d’anti-rupture, Taja Cheek continue de mettre son auditoire sens dessus dessous avec cette fusion musicale absolument expérimentale et enchanteresse. En explorant les différents genres de l’amour, L’Rain nous embarque dans une épopée dense et ensorcelante s’ouvrant sur un « Our Funeral » où sa palette sonique s’élargit encore plus tandis que l’interprétation volontairement transformée de notre hôtesse fait effet tout en nous rappelant que chaque relation humaine peut se terminer d’un moment à un autre. Suivi de très près par le plus électrique et percutant « Pet Rock » avec ses guitares grinçantes rappelant Pavement par moments contrastant avec le morceau-titre plus minimaliste, on se rend compte que cette épopée musicale est parée pour nous mettre sens dessus dessous.
L’Rain redouble encore plus ses ambitions sur I Killed Your Dog (comprenant la participation de Oneohtrix Point Never pour le séquençage de la tracklist) et chaque idée est pensée avec parcimonie. Que ce soit à travers des interludes incongrues et entêtantes (« I Hate My Best Friends », les applaudissements désinvoltes de « Sometimes », « Monsoon Of Regret ») ou avec des moments riches en sensations fortes dont « 5 to 8 Hours A Day (WWwaG) » vacillant entre post-rock futuriste et psych-folk baroque avec un solo de trompette raffiné sans oublier la soul larmoyante et contemplative de « r(EMOTE) » et « Uncertainty Principle » à mi-chemin entre Fleet Foxes et Erykah Badu, elle apporte même une suite dans ses idées, notamment avec « Knead Bee » qui reprend là où elle s’est arrêtée avec « Need Be » présent sur Fatigue. Absolument dense, la native de Brooklyn explore tous les types de la relation (amicale, amoureuse, professionnelle…) avec énormément de tendresse notamment lors des écoutes de « Clumsy » et de la conclusion nommée « New Year’s UnResolution » qui est menée au piano où elle compte repartir de zéro après avoir exorcisé ses relations du passé qui l’auront longtemps brimé.
Une fois de plus, I Killed Your Dog est une oeuvre absolument fascinante et dantesque de la part de L’Rain. A travers son songwriting intimiste mais à la portée universelle centrée sur ses relations détaillées avec tant de sincérité et d’ironie par moments, la fusion musicale l’accompagnant entre indie rock, neo-soul psychédélique et ascensions jazz un brin expérimentaux avec une touche baroque brille de mille feux lui permettant de repousser ses limites une fois de plus. Du pur génie.
Note: 10/10