La dernière fois que nous avions eu des nouvelles de la part de Chris Cohen, il fallait remonter au printemps 2019 avec son dernier album absolument réjouissant (chroniqué ici). Suite à cela, l’auteur-compositeur-interprète américain qui avait fait ses débuts auprès de Deerhoof n’avait plus donné signe de vie et c’est dire qu’on s’était inquiétés. Mais trêve d’impatience car notre hôte fait son grand retour après cinq années de silence radio avec un quatrième album qui s’intitule Paint A Room.
Dès les premières notes de « Damage », la magie opère instantanément. Un parfum de vintage se dégage dans ce nouveau chapitre musical de Chris Cohen où les arrangements plus étoffés et moins lo-fi signés le bonhomme ainsi que Jeff Parker et Joyce Johnson qui brillent notamment sur le radieux « Sunever » s’adressant à un enfant transgenre lui rappelant que les transitions subies ou choisies font partie de la vie mais aussi sur l’atmosphérique « Cobb Estate » ayant de quoi rappeler Roxy Music riche en sensations fortes.
Paint A Room est un incroyable périple où une myriade de sons et d’influences allant du jazz à la bossa nova comme sur le fabuleux « Physical Address » viennent se greffer à travers le storytelling si prenant et les qualités mélodiques toujours aussi infaillibles de Chris Cohen. On en veut pour preuve les écoutes des tendres et vulnérables « Laughing » ainsi que du groove cowpunk de « Wishing Well » et de la splendide mélodie au piano de « Dog’s Face » pour rappeler que l’ex-Deerhoof réussit à se réinventer avant de prendre de la hauteur avec les somptueux « Night Or Day » et « Randy’s Chimes » avec son motif de clavier spectral en guise de conclusion magistrale.
Il ne fait aucun doute que Chris Cohen s’est renouvelé à travers ce sublime album court certes mais ô combien enchanteur. Le musicien se dévoile à nous avec cette mélancolie légère et cette production si raffinée où sa propre vision du monde est dépeinte de la façon la plus lucide qui soit à travers ces dix compositions aussi bien solaires que nocturnes mais toujours aussi inspirées.
Note: 8.5/10