Toro Y Moi – Hole Erth

Au risque de me répéter mais chaque album sa réinvention de Toro Y Moi. Tout le monde l’a connu et apprécié en tant que pionnier du courant de la chillwave à ses débuts avec ses albums Underneath The Pine et Anything In Return en passant par une phase rock psychédélique avec What For en 2015 (chroniqué ici) ensuite par une phase de crooner désabusé sur Boo Boo en 2017 (chroniqué ici) et ensuite la phase dancefloor avec Outer Place en 2019 (chroniqué ici) mais aussi par une phase jazz avec son side-project Les Sins. On l’avait laissé dans un trip psych-funk bizarroïde avec l’introspectif Mahal qui valait son pesant d’or (chroniqué ici) mais allons savoir ce que Chaz Bear nous réserve avec son nouveau disque nommé Hole Erth.

Une fois de plus, Toro Y Moi est prêt à nous surprendre pour ce nouveau périple musical qui s’annonce bien sulfureux. Il n’y a qu’à juger le morceau d’ouverture nommé « Walking In The Rain » où, à travers sa voix hyper autotunée, il arpente des sonorités trap avec une dose de psychédélisme qui lui va à merveille avant d’enfoncer le clou avec « CD-R » où on sent qu’il puise son inspiration auprès du courant hip-hop actuel. On y décèle également des relents emo/pop-punk avec des compositions trashy telles que « HOV » et « Hollywood » en compagnie de Ben Gibbard de Death Cab For Cutie où les riffs de guitare fusent parfaitement aux sonorités actuelles voire futuristes.

Vous l’avez compris, Toro Y Moi plonge aussi bien dans les années 2000 avec cette esthétique emo/pop-punk que les années 2010 où l’ère Soundcloud régnait en maître tout en conservant cette base bedroom-pop sur l’explosif « Reseda » conviant le rappeur californien Duckwrth mais également les collaborations synthétiques de Don Toliver que sont « Madonna » et « Undercurrent » comprenant la participation de Porches également qui seront plutôt anecdotiques. On pourra également rajouter « Off Road » en compagnie de Kenny Mason sans vraiment grand relief et marchant trop sur les pas de Travis Scott. N’y voyez aucune dose de bedroom-pop et de chillwave ni de pop psychédélique tout au long de Hole Erth hormis le ludique « Heaven » avec Kevin Abstract vu que Chaz Bear se renouvelle sans cesse, quitte à aliéner sa fanbase comme sur le banger trap bien trop actuel qu’est « Smoke » en compagnie de Free Mason et la conclusion jungle qu’est « Starlink » avec la star du digicore à savoir glaive.

L’ex-pionnier de la chillwave nous offre un trip dans son adolescence qui s’annonce étonnant dans le fond mais fait preuve parfois de maladresse par moments et Hole Erth en est la preuve concrète. Mais ceci dit, ce lien entre le passé (emo/pop-punk des années 1990-2000), le présent (l’ère Soundcloud) et le futur (l’hyperpop des années 2020) reste tout de même honorable et fait preuve de la créativité infaillible de Toro Y Moi.

Note: 7/10