Le groupe Oiseaux-Tempête s’est fait connaître avec leurs deux albums faisant l’éloge de la Méditerranée avec un premier album en 2012 rendant hommage à la Grèce et Ütopiya en 2015 rendant hommage à la Sicile et à la Turquie. C’est donc pas un hasard qu’ils décident de clore leur trilogie avec un nouvel album intitulé AL-‘AN où ils font un arrêt au Liban.
Et très vite, on a affaire à un voyage cérébral des plus étourdissants dans la capitale de Beyrouth où le groupe nous entraîne dans leur post-rock massif et peu accessible. En effet, on arrive à capter l’ambiance générale de la ville qui traverse une période sombre de son histoire politiquement et socialement parlant à travers des lentes progressions musicales qui font froid dans le dos comme « Bab Sharqi », « Feu aux Frontières » ou encore « Our Mind Is A Sponge, Our Heart Is A Stream ».
Avec l’aide de Sylvain Joasson de Mendelson et de Mondkopf, les deux têtes pensantes que sont Frédéric D. Oberland et Stéphane Peigneul arrivent à peindre un Beyrouth sombrant dans le chaos avec le rude « Baalshamin » durant 7 minutes, les élans jazzy de « The Offering » ou encore le tragique « Ya Layl, Ya 3aynaki (Ô Nuit, Ô Tes Yeux) ». Ils font également intervenir le chanteur local Tamer Abu Ghazaleh pour un moment de contemplation qu’est le bouleversant « I Don’t Know, What Or Why (Mish Aaref Eish W Leish) » ou encore le britannique G.W.Sok du groupe The Ex pour un moment de spoken-word solennel nommé « Through The Speech Of Stars », monument de 17 minutes où on alterne destruction/reconstruction, accalmie/beau temps en fonction du climat musical changeant sans cesse.
Avec AL-‘AN, Oiseaux-Tempête clôt avec maestria leur trilogie hommage à la Méditerranée. Même si il paraît difficile d’accès aux premiers abords, cela permet justement au groupe de maîtriser parfaitement leur sujet et d’apporter leur version de leur destination afin de donner un résultat précis et fascinant.
Note: 7/10