Une chose est sûre, c’est que Moses Sumney aura mis tout le monde d’accord avec son premier album Aromanticism en 2017 (chroniqué ici). L’auteur-compositeur-interprète américain a fait parler de lui avec sa soul cosmique et aventureuse qui a conquis les cœurs de plus d’un. Après une multitude de collaborations mémorables dans le monde de la musique, il est temps pour le californien d’origine ghanéenne de faire un retour en deux temps avec græ.
Pourquoi en deux temps ? Tout simplement parce que Moses Sumney compte nous présenter un double-album. Seulement voilà seul le premier volume n’est disponible que maintenant et le second volume sera disponible au mois de mai (et j’y reviendrais dessus à l’occasion). Quoi qu’il en soit, on retrouve le soulman cosmique là où on l’attendait avec ses compositions presque martiennes où l’on voit notre hôte en plein questionnement existentiel que ce soit sur « Cut Me » et « In Bloom » qui débutent l’album sous de bons auspices.
Avec son interprétation riche en émotions et son falsetto renversant qui n’en finit jamais de nous étonner, Moses Sumney ira rajouter de l’eau soulful dans son vin. græ est entrecoupé d’interludes plutôt cosmiques pour ne pas dire étranges (« insula », « boxes », « jill/jack »…) et sa neo-soul venue d’ailleurs prend d’autres dimensions que ce soit sur les couleurs trip-hop/space-rock avec « Conveyor » ou jazz avec « Colouour » avec ses cuivres suspendus en passant par des contrées hispaniques avec « Neither/Nor » contenant un sample de guitare chicano. Le californien apporte son lot de réflexions par rapport à sa couleur de peau et sa place dans une société de plus en plus marquée par les stigmatisations.
Avec græ, Moses Sumney continue à marquer le coup avec son oeuvre surréaliste mais ô combien attachante. Deux ans et demi après son entrée fracassante, le californien continue de bouleverser les codes de la soul en nous proposant une bande-son extra-terrestre et réfléchie. Reste à savoir si le second volume tiendra également la route.
Nota bene: Voici un paragraphe inédit pour la sortie de la seconde partie de l’album græ paru il y a quelques jours de cela maintenant. J’ai changé la note entre temps parce que j’ai pris beaucoup de recul.
Comme promis, Moses Sumney a effectué un retour fracassant en février dernier avec le premier volume de græ résolument original et réfléchi. Pour l’anecdote, j’ai découvert qu’un bon nombre de personnes ont contribué à ce chef-d’oeuvre comme notre frenchy national FKJ, Adult Jazz, John Congleton, James Blake ou encore Jill Scott. Mais au final, que vaut ce double-album dans sa globalité ?
J’ai tout dit sur le premier volume et ses douze morceaux donc autant m’attarder sur la seconde partie composé de 8 nouveaux titres qui se veut toujours aussi angélique et bouleversante. Moses Sumney ira de nouveau parler de la solitude, de la vulnérabilité ou encore de la complexité de l’identité de soi, de l’entre-deux sur des productions cosmiques et angéliques. Avec sa voix soulful quasi-surréelle qui habille les morceaux tels que « Two Dogs » qui ouvre ce second volet avec délicatesse mais encore les éthérés « Keeps Me Alive » et « Lucky Me », le californien redouble d’ambition avec ce puzzle musical riche en surprises. Après la courte interlude qu’est « and so I come to isolation » qui traduit l’ambiance générale de ce disque (« And so I come to isolation/Etymologically, isolation comes from «insula,» which means island/I-so-la-tion, isolation which literally means to be islanded »), le musicien revient nous procurer de nouvelles sensations avec « Bless Me » et le final « Before You Go » empreints de mysticisme.
En fin de compte, græ est une grande oeuvre de la part de Moses Sumney. Résolument complexe, astral et touchant, le californien s’affranchit les codes de la soul, du jazz et de la pop baroque pour en faire un melting-pot intelligent et magnifiquement orchestré par sa sublime voix et falsetto. Un très grand disque comme on en fait plus.
Note: 10/10