Mélissa Laveaux – Mama Forgot Her Name Was Miracle

On possède un souvenir impérissable de Radyo Siwèl paru en 2018 (chroniqué ici) qui fut une sublime oeuvre de la part de Mélissa Laveaux. La chanteuse et musicienne haïtio-canadienne s’est rapprochée de ses racines pour nous offrir un disque touchant et incontournable la faisant monter de plus en plus en puissance. Donc forcément, l’arrivée d’un nouvel album de sa part est plus que bienvenu et c’est avec Mama Forgot Her Name Was Miracle que l’on a affaire.

Mélissa Laveaux nous avait habitué d’un album tous les cinq ans mais cette fois-ci, elle brise le cycle avec un titre faisant référence à sa propre mère. Ici, la musicienne revient à ses fondamentaux en rendant hommage aux grandes figures féminines qui sont (volontairement) effacées de l’histoire allant d’Audre Lorde à la déesse Lilith en passant par Harriet Tubman et Helen Stephens à travers ces treize compositions un brin plus pop mais toujours empreintes d’une classe dignes de ce nom. Dès le départ avec « Half A Wizard, Half A Witch », elle place le curseur très haut avec toujours cette interprétation habitée mais précise qui se décline tout au long de ce Mama Forgot Her Name.

Qu’elle soit contemplative avec l’incroyable « Fire Next Time » ou plus percutante avec « Papessa » et « Tears », la musique de Mélissa Laveaux saura convoquer diverses émotions. Le storytelling fascinant l’accompagnant et rendant hommage à ses héroïnes de l’ombre qui auront forgé son être sur « Ching Shih » en référence à une très grande pirate mais aussi sur « Storm Helen Storm Caster » fera de nombreux émois tout comme ses collaborations remarquables avec Oxmo Puccino posant sa prose impeccable sur « Lilith » mais bien sûr LA future grande héroïne musicale, notre chouchoute internationale November Ultra qui continue de nous faire rêver avec ses vocalises éthérées sur « Rosewater ».

Avec Mama Forgot Her Name Was Miracle qui contient notamment des titres toujours aussi chaleureux tels que « 7 Sisters » et « Jackie » en guise de clôture, Mélissa Laveaux compte changer le cours de l’histoire en affichant avec brio sa vision du féminisme si marquant et si imprégné. Car si ces histoires n’étaient pas enseignées, la musicienne haïtio-canadienne prend le défi de la raconter avec classe à une auditoire plus large et réussit les yeux fermés.

Note: 8.5/10